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Vendredi 27 juillet. — Longue promenade en voiture dans la forêt de Sénart, en tête à tête avec Daudet. Il se montre très tendre, me parle de l’affection de sa femme pour moi, qui serait tout à fait une affection comme pour un membre de sa famille, et me donne l’assurance, qu’en dépit de tout ce qui a été dit, fait, inventé, par les jaloux de notre amitié, cette affection n’a pas été entamée, une minute.

Un moment il me confesse sa sensibilité à propos des attaques de la presse, et m’avoue qu’il n’a pas lu un des derniers articles, dirigé contre lui, et qu’il savait très hostile. Moi, je lui conte mon procédé de neutralisation de l’attaque littéraire : c’est de mettre les articles dans une enveloppe cachetée, et de les lire deux ou trois mois, après leur apparition. À cette date, ils sont comme s’ils n’étaient pas ; — leur venin s’est évaporé.

Mercredi 1er août. — Ce soir Daudet me parlait de son séjour, pendant cinq semaines (la fin de décembre et le mois de janvier) dans le phare des Sanguines, cinq semaines qu’il avait passées, jour et nuit, tout au spectacle de la mer et de la tempête, sans écrire une ligne, et où il n’y avait dans le phare, qu’un vieux Plutarque, se trouvant là par hasard.

Jeudi 2 août. — Le musicien Pugno qui dîne, ce soir,