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dans un croquis écrit, ce microcosme de choses de goût, d’objets d’élection, de jolités rarissimes, triés dans le dessus du panier de la curiosité.

Des trois chambrettes du haut de la maison, dans l’une desquelles est mort mon frère, il a été fait deux pièces, dont la moins spacieuse ouvre sur la grande, par une baie qui lui donne l’aspect d’un petit théâtre, dont la toile serait relevée.

De l’andrinople rouge au plafond, de l’andrinople rouge aux murs, et autour des portes, des fenêtres, des corps de bibliothèque peints en noir, et sur le parquet, un tapis ponceau, semé de dessins bleus, ressemblant au caractère de l’écriture turque. Comme meubles, des ganaches, des chauffeuses, des divans recouverts de tapis d’Orient, aux tons cramoisis, aux tons violacés, aux tons jaune de soufre, miroitants, chatoyants, et au milieu desquels est une double chaise-balançoire, dont le repos remuant, berce les châteaux en Espagne des songeries creuses.

Dans la petite pièce, le rouge des murs, est rompu par une ceinture japonaise du XVIIe siècle, une ceinture, où des hirondelles volent à travers des glycines blanches ; le rouge du plafond, est rompu par un foukousa, aux armes de la famille Tokougawa, (les Mauves) d’où, sur le fond d’un gris mauve, la blancheur d’une grue se détache au-dessus d’une gerbe d’or.

Sur l’armoire remplie de livres, prenant tout le fond de la pièce, se trouvent pendus quatre kakémonos.