Page:Goncourt - Journal, t9, 1896.djvu/320

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conclave, qu’il est en train de mettre en scène, avec une documentation très à effet, très dramatique.

Dimanche 10 février. — Nous finissons le siècle, dans des années méchantes, où la politique se fait à coups de dynamite, où les assassins avant de tuer, s’amusent de la peur de l’assassiné, où la jeune critique met la perspective du corbillard, pour l’éreinté dans ses articles, où l’image même a la férocité du dessin de Forain.

Un jeune divorcé disait à un de mes amis : « Aujourd’hui, la généralité des jeunes filles supérieures, regarde le mariage comme un essai, un essai sans chance de durée : ces demoiselles ne se cachant pas de dire, que lors de ce mariage, elles n’ont pas la connaissance des hommes, et que cette première union, n’est qu’un apprentissage, une étude pratique de l’homme dans le mari : apprentissage qui les met en état de faire un choix judicieux, au second tour, au second mariage. »

Tout à la fin de la soirée, Daudet me jette de son fauteuil, où il écrit :

— Au dîner de Fasquelle de vendredi dernier, les Charpentier vous ont-ils dit quelque chose ?

— Non.

— Bien sûr, ils ne vous ont rien dit ?

— Non, parole d’honneur !

Alors Daudet vient s’asseoir à côté de moi, et me parlant presque à l’oreille :