Page:Goncourt - Journal, t9, 1896.djvu/347

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Jeudi 25 avril. — Une mère me parlait, ce soir, du côté inamusable à la maison, des jeunes filles de maintenant, chez lesquelles toutes les jouissances sont épuisées à seize ans, et qui n’ont plus le bonheur d’une tasse de chocolat, apportée dans leur lit, d’un spectacle, d’un bal blanc.

Lundi 29 avril. — On me cite un prince romain, atteint d’une singulière folie. Il fait attacher à tous ses pantalons, des poches de toile goudronnée, qu’il remplit d’eau, et aussitôt qu’il vous a donné la main, il la plonge dans une de ses poches, et noie le microbe, que vous pouvez lui avoir apporté.

Je causais, ce soir, avec une femme qui a une véritable passion du linge, et qui me parlait en artiste de l’oreiller, et de sa garniture à longs plis en festons découpés, qu’elle trouvait l’oreiller de la malade, ayant quelque coquetterie. Elle faisait la remarque que le drap de coton conserve quelque chose de l’être, qui a couché dedans, une émanation, que ne garde pas la toile.

Puis elle constatait l’évolution de la toilette de la femme, disant que la camisole, les jarretières, le bonnet de nuit, avaient été remplacés, depuis sa naissance, par la chemise de nuit, les attaches des bas au corset, une coiffure différente de celle du jour.

Mardi 30 avril. — Le goût de l’Empire s’impose à tout, aux chaises même de jardin, de la Ménagère.