Page:Goncourt - Journal, t9, 1896.djvu/377

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venant là, faire la fête quelques jours, de ces confidences des uns et des autres, dans une griserie générale, il avait soutiré tous les documents, dont il avait besoin, et n’avait eu qu’à les contrôler, qu’à les vérifier aux mines.

Mardi 1er octobre. — L’eau, cette matière de miroir liquide, je ne me rassasie jamais de la regarder, et je passe de longs moments, devant cette cascade de Jean-d’Heurs, où, le courant morne de la rivière fait tout à coup une rampe de lumière, et où, la mousse verdâtre des rochers se couronne d’un bouillonnement d’argent, d’où jaillissent en forme de tridents de cristal, ces ruissellements de perle et diamant, se déversant en bas dans la grande nappe d’eau tranquille, d’eau bleuâtre, sur laquelle viennent mourir, en éclatant, les bulles du grand bouillonnement.

Jeudi 3 octobre. — Je disais dernièrement à quelqu’un : « Oui, dans mon Journal, j’ai voulu recueillir tout ce qui se perd de curieux dans la conversation. »

Samedi 5 octobre. — J’ai l’intime conviction, et même les preuves, que les femmes de quarante ans, qui n’ont ni mari ni amant, sont folles, par moments, dans le secret de leur intérieur.