Page:Goncourt - Journal, t9, 1896.djvu/378

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Dimanche 6 octobre. — Les honneurs rendus aux grands hommes — tout Pasteur qu’ils peuvent être — deviennent, il me semble, un peu excessifs : ils héritent peut-être trop, de ce qui appartenait à Dieu, autrefois.

Samedi 12 octobre. — Je suis en butte à une vraie persécution de la part d’un banquier de Barcelone, nommé Daniel Grant. Il a commencé, dans une première lettre, à m’inviter à une exposition à Barcelone, en mettant à ma disposition un yacht, qui viendrait me prendre dans tel port, que je désignerais. Dans une seconde lettre, il m’a fait spontanément, et sans que rien au monde pût l’y engager, l’offre de 75 000 francs, pour arranger mes affaires ou celles de ma famille ; enfin dans une troisième, il m’annonce l’envoi d’un encrier d’argent pesant 1 000 grammes, avec une plume d’or. Est-ce un fou ou un mystificateur, le banquier de Barcelone ? Toutefois je me crois obligé de lui adresser cette lettre.

« Monsieur,

« À la lettre, où vous mettez à ma disposition la somme de 75 000 francs, je n’ai pas répondu, parce qu’on n’accepte pas de l’argent d’un monsieur qu’on ne connaît pas — et même d’un monsieur qu’on connaît.