Page:Goncourt - Journal, t9, 1896.djvu/381

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Il me dit que c’est un fou, dont les variations d’opinions sont extraordinaires, et me raconte qu’un jour, trouvant un numéro de la Revue des Deux Mondes, chez sa belle-mère il s’écriait : « C’est une mauvaise lecture, cette revue… il ne faut pas que votre fille la lise ! » À quelque temps de là, demandant à la même femme, si sa fille avait lu Anna Karenine, et celle-ci répondant, que ce n’était pas une lecture pour une jeune fille, il lui soutenait qu’une jeune fille devait être instruite de tout, pour se conduire dans la vie.

Un autre jour, toujours au dire de ce Russe, Tolstoï, après une longue anathémisation de l’eau-de-vie, ayant retenu à déjeuner le monsieur avec lequel il causait, il lui faisait servir de l’eau-de-vie. Sur quoi, l’autre lui rappelant sa conversation d’une heure avant, Tolstoï lui disait « qu’il n’avait pas de mission pour empêcher le mal ». Alors pourquoi cette prédication ?

Lundi 4 novembre. — J’ai reçu, cet automne, une lettre d’Angleterre, d’un enthousiaste de la Maison d’un Artiste, contenant, dans une enveloppe, une certaine poudre rapportée du Japon, par un parent de l’auteur de la lettre, qui était médecin. La traduction de la lettre m’apprenait que cette poudre, vendue très cher là-bas par les prêtres, était de la poudre qui, prise avant de mourir, empêchait la