Page:Goncourt - Journal, t9, 1896.djvu/383

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Jean Lorrain, Primoli, Rodenbach, Raffaëlli, Roger Marx, Descaves, Toudouze, Daudet et sa femme.

Lorrain est en train de parler en physiologiste, de la narine, retroussée, respirante, aphrodisiaque de Lina Munte, dans la pièce d’Otway, quand Primoli entre, nous jetant : « Je viens d’assister à une chose… oh mais !… qui a été tout à fait émotionnante pour moi… Vous savez, ou vous ne savez pas, qu’il y avait une légende, en Italie, sur le bateau de Tibère, attaché à la rive, le bateau de fleurs, où il prenait le frais… oui, une légende, qui le disait au fond du lac de Nemi… Les archéologues s’étaient moqués de la légende… En dépit d’eux, il y avait eu cependant quelques tentatives pour vérifier la légende, mais sans succès. Or, tout récemment, un antiquaire de Rome a été trouver le prince Orsini, le possesseur du lac, et fit un arrangement avec lui, par lequel il aurait le tiers, et le prince les deux tiers des objets qu’on trouverait.

L’arrangement accepté, voici un plongeur, sous son scaphandre, au fond du lac, un plongeur qui reste sous l’eau cinq heures, s’il vous plaît… J’avais été convoqué, et j’ai pu le photographier, au moment où il sortait de l’eau, avec des objets détachés du bateau. L’effet de cet homme au scaphandre, avec cet appareil sur la figure, ressemblant à un masque antique : ç’a été comme une apparition dans une vision, dans le rêve d’un buveur d’opium… et cet homme vous parlant la tête au-dessus de l’eau, de ce bateau au fond de l’eau, grand comme un navire