Page:Goncourt - Journal, t9, 1896.djvu/69

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aujourd’hui dîner à Champrosay. Ce soir l’ironique, le gouailleur, le blagueur, est tout triste. Il parle, avec de l’amertume dans un coin de la bouche, de la longueur de sa vie, et des différents individus qui l’ont habité, disant qu’il est très sensible à la température, et qu’il ne retrouve de l’ancien Coppée, que les jours, où il fait la température de son ancien passé, et il s’écrie à propos des prétendus cent ans de son existence : « J’ai vu, j’ai éprouvé trop de choses, en un mot, j’ai eu trop de sensations ! »

Coppée parlant de Mlle Read, déclare qu’elle n’aime que les affligés, les souffrants, les malheureux, qu’elle hait les chanceux, les heureux, les gens ayant l’argent et la gloire. C’est la femme, dont Mme Halévy dit : « Je ne la vois plus, mais si je me cassais la jambe, je suis sûre qu’elle reviendrait auprès de moi ! »

Lundi 25 juillet. — Nous parlons avec Daudet, du mensonge, du mensonge cynique du journalisme contemporain, où les journaux font aujourd’hui de Cladel, un écrivain de la taille de Flaubert, quand aucun de ces journaux vantards de son talent, ne voulait hier de sa copie.

Mardi 26 juillet. — Dîner avec les ménages Zola et Charpentier.