Page:Goncourt - Les Frères Zemganno, 1879.djvu/114

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Rentrant du dehors, le premier mot de Nello était « Gianni est là ? » Le petit frère semblait ne pouvoir vivre qu’avec le grand. À l’amphithéâtre, on le voyait sans cesse dans les jambes de Gianni, voulant être pour un rien dans tout ce que l’aîné exécutait, et le forçant à tout moment à l’écarter, à le repousser doucement de la main. Le reste du temps, quand il se trouvait avec son frère, il demeurait les yeux perpétuellement fixés sur lui, avec les regards longs et comme en arrêt par lesquels se témoigne la sympathie admirative des enfants, et dans une de ces contemplations où meurt un instant la turbulence du tout jeune âge. Et si Gianni n’était pas là, et que Nello fût frappé ou amusé par quelque chose, l’enfant, avide de tout partager avec son frère, ne pouvait se retenir de jeter à la personne près de lui : « Il faudra le dire à Gianni ! »

Le grand frère avait une part si grande dans les pensées du petit frère, que dans ses