Page:Goncourt - Les Frères Zemganno, 1879.djvu/113

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l’Alcide. Et pour tout il en était de même. Une autre fois Gianni, en veine de plaisanterie, événement rare, s’étant amusé à accuser Nello d’avoir déferré Lariflette ; en dépit de sa presque certitude que les chiens n’étaient point ferrés, le cadet ébranlé par le sérieux du dire de son frère aîné, après s’être longuement défendu, allait chercher les traces des trous de clous dans les pattes de la caniche, et comme on se moquait de sa crédulité, Nello, tout en continuant son examen, répétait obstinément : « Gianni l’a dit. »

Et il ne fallait pas qu’on touchât à son Gianni. Un jour que Nello rentrait en larmes, et que son frère lui demandait la cause de son chagrin, il répondait en sanglotant qu’il avait entendu dire de vilaines choses de lui, et Gianni insistant pour qu’il lui répétât les paroles tenues sur son compte, au passage dans sa petite bouche des épithètes injurieuses pour son frère, il lui prenait des convulsions de colère.