Page:Goncourt - Les Frères Zemganno, 1879.djvu/124

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pied, la tablette mordue du bout des deux orteils de son frère, et dont le corps fuyant et revenant, et autant en dehors qu’au-dessus de la table, dessinait dans le vide comme l’anse contournée d’un vase.

— « Vitement saute-moi sur… » criait Gianni à Nello. Mais déjà la table et l’équilibriste avaient roulé sur le sol.

Quelquefois devant un objet quelconque, l’immobilité du grand frère en une pose ramassée et accroupie, où il demeurait un genou en terre et l’autre relevé sur lequel appuyaient ses deux mains posées l’une sur l’autre : cette immobilité était si grande, que le petit frère pris de respect pour la sérieuse contemplation, s’approchait de lui sans oser lui parler, et ne lui disait qu’il était là que par un frôlement de son corps ressemblant au frottement de caresse d’un animal. Gianni, sans se retourner, lui mettait doucement la main sur la tête, et par une molle pesée l’asseyait à côté de lui, regardant toujours son objet,