Page:Goncourt - Les Frères Zemganno, 1879.djvu/14

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avait jeté, sur le haut du corps, un long châle carré, tandis que ses cuisses et ses jambes seulement couvertes d’un maillot apparaissaient comme des morceaux de nudité. Ses mains croisées sur sa poitrine, remontant petit à petit par des mouvements frileux le long de ses épaules, serraient le lainage autour de son cou, pendant que, hanchant sur une jambe, elle battait avec un pied la mesure de la parade de tous les jours. Et elle restait ainsi quelque temps, la tête retournée et penchée en arrière sur son épaule, dans un joli mouvement de colombe, le profil perdu dans l’ombre avec de la lumière dans les cils, et disant des mots de tendresse, des paroles amoureuses à un être encore dans l’intérieur de la voiture.

Le vieillard, le cheval dételé, le brancard ôté, plaçait avec un soin amoureux un marchepied sous la voiture, et la femme descendait, après avoir reçu dans ses bras un bel enfant à la courte chemise, un enfant plus grand et