Page:Goncourt - Les Frères Zemganno, 1879.djvu/160

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plusieurs années, étaient le rendez-vous, le gymnase en plein air de tous les acrobates, gymnastes, trapézistes du trapèze volant ou du trapèze fixe, clowns, jongleurs, danseurs de cordes, équilibristes sans emploi, de tous les gens nés dans la sciure de bois[1] ou désireux d’y vivre : l’école en un mot d’où sortirent depuis Franck Berington, Costello, Jemmy Lée, Bill Georges, Joé Welh, Alhambra Joé. Le soir surtout les Ruines présentaient un curieux spectacle. Dans l’obscurité du champ de démolitions, entre ses pans de murailles noires aux silhouettes un peu effrayantes, à travers le vol tournoyant de petits fragments pourris des papiers de tenture détachés par le vent, au milieu de la fuite de troupeaux de rats effarés, et aussi loin que se prolongeait l’étendue té-

  1. Dans les cirques anglais la sciure de bois remplace le sable. De là, la locution pour les gens nés dans le métier, de naître dans la sciure de bois, et encore de là l’espèce de proverbe qui dit : Que pour un vieux clown l’odeur de la sciure de bois est ce qu’est l’odeur du goudron pour un vieux marin.