Page:Goncourt - Les Frères Zemganno, 1879.djvu/161

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nébreuse, et brouillardeuse, la lumière de quatre bouts de chandelles fichées en terre montrait vaguement, çà et là, au-dessus du tremblotement d’une pâle lueur, des ombres de corps se promenant ou voltigeant dans la nuit du ciel.

Les premiers jours Gianni et Nello regardaient les autres travailler, puis au bout d’une semaine, ils apportaient leurs instruments de travail et leurs chandelles ; et le petit trapèze attaché aux montants d’une grande porte déménagée dans une maison qui n’était plus qu’une façade, ils se mettaient à travailler dans l’émerveillement des Anglais.

Les deux Français avaient pour voisin de leurs exercices, un homme maigre et long, aux jambes de pétrin phtisique, s’exerçant à serpenter à travers les barreaux d’une chaise : l’Irlandais, surnommé le Ver de terre, le disloqué, qui, les jambes repliées en arrière et cravatant son cou, se mettait en boule, roulait, cassait un noyau de pêche avec son derrière.