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deux mains. Gianni lui donnant la chasse, le lutin faisait plusieurs fois le tour du Cirque, s’arrêtant une seconde, quand il avait un peu d’avance, et sur l’un des trapèzes, tirant de son violon un grincement ironique. Enfin Gianni l’atteignait, et tous deux, lâchant le trapèze, se laissaient tomber embrassés dans un saut en profondeur : une chute qu’on n’avait pas osé tenter encore.

Sur le sol de l’arène avait lieu, entre le lutin et Gianni, une lutte corps à corps, mais où, pour échapper aux étreintes l’un de l’autre ou pour se renverser, les apparents efforts de la force n’étaient que des enlacements et des déliements de la grâce, une lutte où le lutin apportait dans l’élégante et ondulante montre des développements musculaires, ce que les peintres cherchent à mettre dans leurs tableaux, quand ils peignent la bataille physique d’êtres surnaturels avec des hommes.

Le lutin était définitivement jeté à terre, et y demeurait tout étonné, et dans une de ces