Page:Goncourt - Les Frères Zemganno, 1879.djvu/202

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trine se bombait en un jabot d’échassier d’une planète inconnue, et il y avait dans les membres du lutin comme ces soudains courants de vie musculaire, qui emplissent à un moment la peau flasque des serpents. Pour tous les yeux, il était visible que le voletage sans ailes, le rampement, le larveux, des animaux de malédiction et légendes fabuleuses : la bête s’en allait et sortait chassée de l’intérieur du lutin, qui à la fin, dans une rapide succession de poses plastiques, montrait sur sa gracieuse académie déliée et délivrée, l’harmonie et la gloire des beaux mouvements et des beaux gestes humains de l’humanité des statues antiques.

Et prenant son violon, au moment où le gaz reflambant annonçait au public que les visions et les rêves troubles de la nuit étaient finis, et que le jour était revenu, le lutin sur son instrument, où l’aigre enchantement avait cessé, jouait avec Gianni un morceau qui semblait la murmurante symphonie d’un