Page:Goncourt - Les Frères Zemganno, 1879.djvu/206

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la force et de l’adresse physique, à l’invention abstraite de conceptions gymnastiques presque toujours irréalisables, à la création de rêves clownesques impossibles à mettre en pratique, à l’enfantement d’espèces de miracles demandés aux muscles et aux nerfs d’un corps. Du reste, même dans la pratique matérielle de ce qu’il exécutait, Gianni donnait une large part à la réflexion et à l’action de la cervelle ; et son axiome favori était : que, pour poncer un exercice, il fallait un quart d’heure de travail et trois quarts d’heure de méditation.

Le plus jeune, resté avec bonheur un ignorant, et dont toute la première instruction n’avait guère été faite que par la causerie bavarde, et à bâtons rompus, du père pendant la montée au pas des côtes, et plus paresseux d’esprit que Gianni, et avec un balancement plus grand de la pensée dans le bleu : en un mot plus bohémien de la lande et de la clairière, — et par cela plus poète, — vivait dans une sorte