Page:Goncourt - Les Frères Zemganno, 1879.djvu/25

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mous, de ce petit nez camus qu’on aurait dit écrasé par le sein de sa nourrice, de cette bouche au renflement boudeur, de ces joues rebondies, de ce ventre douillettement rondissant, de ces cuisses charnues, de ces mollets potelés, de ces pieds dodus, de ces mains mignonnes ; de cette grassouillette chair ayant des plis à la nuque, aux poignets, aux cous-de-pied, et des fossettes aux coudes, aux fesses, aux joues ; de cette chair lactée illuminée et rendue pâlement transparente par la lumière opaline de la Lune.

Pendant que la mère extasiée contemplait son dernier né, le jeune homme à la vareuse, un genou en terre, s’essayait à recevoir et à tenir en équilibre un ballon sur le plat d’une baguette, souriait à son petit frère, recommençait son tour.

Tous, au milieu de la grande nature et de la calme nuit, revenaient instinctivement au travail du jour et aux occupations du métier qui devaient donner à manger à la troupe