Page:Goncourt - Les Frères Zemganno, 1879.djvu/289

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amoureux parlant avec des trémolo de jambes impossibles, des mains posées sur le cœur dans des contournements inouïs, puis encore des adorations et des implorations qui rendaient ridicules tous les muscles de son corps, et d’où l’amère bouffonnerie plastique jaillissait de chacun de ses nerfs. Sur une de ses jambes retournées, il mimait à la belle, comme sur une guitare, les plus charmantes blagues des romances d’amour. Et variant tous les jours son programme, et le faisant durer un peu plus, et parfois s’attachant à la queue du cheval partant, pour prolonger la colère de l’Américaine, il avait des gestes qui faisaient l’effet de lazzis, et des ironies de l’échine inénarrables. C’était comme une pantomime exécutée par un jeune, et joli, et distingué, et fantastique Deburau, où il n’y avait rien de canaille, même de grossier, mais où tout était rapide, délicat, esquissé dans l’air et crayonné avec la silhouette farce d’un corps satirique, — et senti par le public des premières