Page:Goncourt - Les Frères Zemganno, 1879.djvu/316

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nues sur des cavales indomptables, la lumière flamboyante de tous les lustres suspendus au milieu des arcatures aux frêles piliers de fer, descendait des cintres aux premières galeries comme dans un vaste entonnoir, montrant, sur le velours rouge des banquettes et le bois peint en blanc des dossiers, un peuple d’hommes parmi lesquels se perdait la claire toilette des femmes : — une foule noire avec des taches d’un rosâtre sale pour visages, une foule plus noire que dans les autres théâtres. Et cette foule était rendue encore plus éteinte, plus morne, par le contraste et le détachement sur elle d’un équilibriste vêtu d’une étoffe d’argent paradant au haut d’une échelle de quarante pieds, d’une petite fille trapéziste mettant autour de son trapèze le tournoiement de sa jupe tendre ; d’une écuyère le pied posé sur la cuisse d’un Hercule debout sur deux chevaux, et se renversant dans un mouvement de sylphide, avec l’envolée et le remontage de la ruche