Page:Goncourt - Les Frères Zemganno, 1879.djvu/317

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d’un blanc jupon sur un maillot sans couleur, lui faisant les chairs pâlement rosées d’une statuette de vieux Saxe.

Le public du Cirque, sa confuse agglomération, sa presse, son fourmillant ramassement d’individus, avec cette lumière qui fait diffus les visages et que boit et absorbe le drap des vêtements, ne rappellent-ils pas ces admirables lithographies de Goya, les échafaudages de courses de taureaux, ces multitudes troubles, à la fois vagues et intenses !

Là aussi l’attente est autre qu’ailleurs. Elle est sérieuse, réfléchie ; et chacun est plus à soi que partout. Sur les exercices dangereux, de la Force et de l’Adresse, à la grandeur indéniable, plane un peu de l’émotion qu’il y avait autrefois dans les poitrines romaines aux jeux du vieux Cirque, et il se fait d’avance un certain resserrement des cœurs, et un froid particulier derrière les nuques, pour les audaces, les folies, les risques périlleux de ces corps dans les frises, pour ce solennel