Page:Goncourt - Les Frères Zemganno, 1879.djvu/32

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et des sœurs de charité : mais, sans s’effrayer ni se décourager, il se remettait en route, et attrapait enfin Shanghaï, où, remontant sa troupe avec des matelots et des poneys chinois, il s’embarquait pour le Japon.

Tommaso Bescapé, lui, après avoir fait l’achat du matériel nécessaire, était parti pour Symphéropol où son cirque avait un énorme succès. Le rusé diplomate qu’était au fond l’italien, avait eu l’esprit, à son arrivée à Symphéropol, de se mettre en rapport avec les officiers, de placer, pour ainsi dire, son spectacle sous leur patronage, et de faire de ces messieurs gagnés par ses amabilités, son entrain d’esprit, sa bonne enfance rieuse, les prôneurs et les achalandeurs de l’entreprise. De là, une communauté d’existence et des nuits, pendant lesquelles on allait réveiller le quartier des Bohémiens, et où dans la circulation des plateaux de fer aux fruits grossièrement peints et chargés de pâtisseries et au milieu des flots de champagne du Don,