Page:Goncourt - Les Frères Zemganno, 1879.djvu/31

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la troupe dans l’Extrême-Orient, où il rêvait de faire une grande fortune. Bescapé causait avec les camarades, sondait ceux qui éprouvaient de la répugnance à entreprendre un tel voyage, et avec sa facile parole et son bavardage presque éloquent, leur persuadait de se mettre sous sa direction, et de le suivre en Crimée, où d’après des renseignements positifs, il avait l’assurance qu’un cirque serait accueilli avec la plus grande faveur.

Lestrapade, abandonné d’une dizaine d’artistes, ne renonçait pas à son aventureux projet. Un matin, avec une troupe encore assez considérable, il partait pour Moscou, gagnait Viatka, traversait toute la Sibérie, faisait le coup de fusil avec les Mongols dans le désert de Gobi, avait la plus grande partie de son monde tué, perdait tous ses chevaux, et parvenait par un miracle à Tien-Tsin n’ayant plus avec lui que sa fille, son gendre et un clown. Il arrivait à Tien-Tsin, l’intrépide directeur, le lendemain du massacre du consul