Page:Goncourt - Les Frères Zemganno, 1879.djvu/45

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boliques, allant au plus sensible de la bêtise de l’homme fort qui n’osait se revenger de peur de tuer d’un coup son persécuteur. Et l’homme faible abusait sans pitié de ses avantages avec son énorme souffre-douleur. Cependant il arrivait parfois que Rabastens, à bout de patience, du revers de sa main à demi morte époussetait le pitre d’une peu forte taloche. Alors Agapit Cochegru se mettait piteusement à pleurer de grosses larmes, horriblement grotesque dans le grimacement enfantin de sa désolée figure et le comique des mouvements bêtes qu’avait appris à son corps le métier de toute son existence. Mais bientôt il s’asseyait tout contre son ennemi, de manière à empêcher le développement d’une seconde tape, et ainsi paré, il ne cessait de lui donner de rageurs petits coups de coude dans les côtes, et de l’appeler « grand lâche », demeurant un long temps accolé à lui, pleurard et morveux.