Page:Goncourt - Les Frères Zemganno, 1879.djvu/49

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succession de brutalités et de coups. Ramassée vagabondante dans les rues de Paris, à l’âge de sept ans, elle répondait au président du tribunal qui l’interrogeait : « Monsieur, mon papa et ma maman sont morts du choléra… grand-papa m’a placée dans un hospice… il est mort huit jours après papa et maman… alors je suis revenue à Paris, où je me suis perdue dedans parce qu’il est si grand… » C’était alors une femme de vingt-huit ans, au visage tanné, aux bras tannés comme la figure et noirs jusqu’au-dessus du coude, avec une large marque de vaccine blanche sur le biceps. Toujours vêtue d’une robe de tarlatane rose sur laquelle couraient des branchages artificiels, et qu’attachait une ceinture s’élargissant sur le ventre en un losange qui enfermait, imprimés en rouge, des caractères cabalistiques, elle donnait à voir, sous des seins volumineux, une taille d’une minceur extraordinaire, toute remuante d’une vie nerveuse. Ses yeux étaient horriblement cernés