Page:Goncourt - Les Frères Zemganno, 1879.djvu/77

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sait avec des yeux intrépides sur toutes les faces levées vers lui. Tout à coup dans la furibonderie de la musique, dans la rage du finale, dans le mugissement du porte-voix, dans le délire des cris et des appels au public, le petit enfant, enfiévré par cette folie et ce tapage, attrapait un mauvais chapeau qui traînait, un vieux châle oublié. Alors, sous ce bout de déguisement et de mascarade, comme s’il faisait partie de la troupe, comme si déjà il avait la charge d’amuser le public, le bambin s’attachait à la promenade grotesque du pitre, d’un bout à l’autre du tréteau, emboîtant le pas derrière lui, marquant avec toute sa force la mesure de ses jambes mal d’aplomb, imitant les gestes bouffonnants, disparu dans l’énorme chapeau, et donnant à regarder, au-dessous du châle bariolé, un pannais de chemise sortant de sa petite culotte fendue.