Page:Goncourt - Madame Gervaisais, 1869.djvu/107

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trop fatiguée et trop faible pour suivre à Saint-Pierre les cérémonies de Pâques. Mais à cette seconde Semaine Sainte qu’elle passait à Rome, elle eut la curiosité d’en avoir l’impression.

Le jour du Dimanche des Rameaux, elle était, avec le costume d’étiquette, la robe noire et le voile noir attaché par une marguerite d’argent, dans une de ces grandes tribunes échafaudées pour les dames, à droite et à gauche du chœur. Sa vue, allant devant elle, passait à travers des fers de hallebardes, des casques, des cimiers d’or, des panaches de crins blancs ; par-dessus les rangées de Patriarches, de Dignitaires, leurs chasubles tissées d’or ; par-dessus les files assises des Cardinaux dont les robes coulaient en vagues somptueuses et noyaient presque, d’un flot de leurs queues, les caudataires assis à leurs pieds ; par-dessus les ambassadeurs et les diplomates en uniformes, l’état-major en costume de parade des armées de la terre, cet illustre public d’Europe souvent mêlé, dans son coudoiement, de Princes et de