Page:Goncourt - Madame Gervaisais, 1869.djvu/108

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Rois ; et ses yeux arrivaient, tout au fond du chœur sombrement rouge, au Pape.

La Basilique était éclairée par un jour recueilli, pieux et froid, un jour de mars où le soleil, frappant et arrêté aux portes de bronze de l’entrée, n’allumait pas encore la gloire jaune du Saint-Esprit et son cadre de rayons dans le vitrail de la Tribune de Saint-Pierre ; un jour triste qui se teintait du violet des vastes tentures enveloppant la messe et le demi-deuil de ce Dimanche avec le deuil de la pourpre.

L’immensité de Saint-Pierre était silencieuse. On n’y entendait que le bruit des pas de la foule, pareil, sur le marbre glissant, au bruit sourd de grandes eaux qui s’y seraient écoulées. Tout à coup éclata et s’élança l’hymne du Pueri Hebræorum, souvenir des fils de Judée, venus au-devant du Seigneur, un cantique de jeune joie, un hosanna qui déchirait l’air de notes argentines, montant et se perdant à la hauteur des voûtes, y roulant au loin comme une criée d’enfants dans des échos de montagnes.