Page:Goncourt - Madame Gervaisais, 1869.djvu/131

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comme par des malheurs, par la fermeté hautaine des idées, par l’orgueil d’un stoïcisme de femme durement maîtresse d’elle-même. Elle se reconnaissait plus triste, plus aimante, le cœur doucement gros.

Mais tout en ayant été remuée ainsi, elle ne sentait pas en elle ces premières attaches souvent ignorées de l’âme même qu’elles commencent à lier, et qu’elles doivent à la longue enlacer tout entière et pour toujours. De la grande Semaine, rien ne lui paraissait avoir germé en elle de ce qui est le premier grain de la conversion dans la secrète profondeur d’une conscience. C’était l’artiste seule, elle le croyait, qui avait été touchée par des splendeurs d’opéra et des émotions d’oratorio.

D’ailleurs, il était arrivé que, dans ces jours saints irritant la ferveur romaine, l’image de certaines idolâtries grossières avait blessé la religion naturelle et délicate de son spiritualisme. Du Vendredi Saint, un souvenir lui avait laissé la colère et le dégoût qui lui restait toujours de