Page:Goncourt - Madame Gervaisais, 1869.djvu/132

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

la matérialité du culte. C’était à une église de la Piazza Colonna : entre deux cierges, à côté d’un plat d’argent posé à terre pour les offrandes, sur une vieille descente de lit, il y avait une croix de bois noir, sur cette croix un Christ nerveux, musclé, décharné, colorié d’une couleur morbide, une anatomie d’assassiné avec du sang peint ; et tout autour des adorations d’hommes et de femmes à quatre pattes choisissaient les parties frissonnantes et chatouilleuses du corps divin pour y promener leur amour.

L’image même du Saint-Père, si haute à Saint-Pierre, à la Sixtine, au balcon de la Loggia, perdit de son caractère auguste, diminua pour elle en une rencontre. Elle se trouvait près des Thermes d’Antonin. Dans le petit chemin courant entre les vignes, des paysans tombèrent à genoux comme foudroyés. Sur le petit carrefour de la Via Latina, près de la croix rouillée portée sur une colonne antique, au-devant d’un mur, d’une grille et de quatre têtes de cyprès, apparut une figure blanche, un