Page:Goncourt - Madame Gervaisais, 1869.djvu/140

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XXXIII}}

Quelque temps, sa vie vécue la poursuivit, s’attacha à elle, la retirant de son présent. Les lectures qu’elle commençait échappaient à son attention. Un ennui d’inoccupation et d’inactivité morale la prenait, quand un jour elle secouait ce repos malsain de sa rêverie et se mettait, pour la fuir, à courir Rome avec un entraînement de force nerveuse.

Du matin au soir elle alla par les rues, les places, les carrefours, à travers les ruines, les édifices, les effets de lumière, le pittoresque des choses et des êtres, des pierres et du peuple. On la rencontrait sur la place Navone, la place ravinée par les inondations du mois d’août, encombrée d’un marché de légumes, de bric-à-brac et de bouquins, autour de ce décor de Pannini ; l’obélisque, les fleuves,