Page:Goncourt - Madame Gervaisais, 1869.djvu/170

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

moi ! J’ai voulu… oh ! une idée imbécile ! … qu’il fût comme les autres… Qu’est-ce que j’en avais besoin, je vous le demande ? … Est-ce qu’il n’était pas bien pour moi comme il était ? … Voyons, qu’est-ce que cela pouvait me faire que mon enfant à moi sût lire ou pas lire ? »

Et ainsi s’emportant, s’égarant dans une exaltation, un délire qui, à toutes les heures de danger de la vie de son enfant, avait approché de la folie son esprit et sa raison, elle n’écoutait pas le docteur, parlant toujours, se promenant à grands pas du lit à la fenêtre, détaillant le supplice qu’elle lui avait infligé, se répétant d’une voix de mépris :

« Une mère ! une mère ! de l’orgueil ! de l’orgueil… quand il s’agit de la vie de son enfant ! »

Puis tout à coup, immobile, le bras étendu devant elle, avec une voix, la voix involontaire et suspendue d’une femme qui dirait ce qu’elle voit dans un cauchemar, elle jeta par saccades :

« Un berceau doré… un drap blanc…