Page:Goncourt - Madame Gervaisais, 1869.djvu/171

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un petit corps sous le drap… un gros bouquet de fleurs à la tête, une couronne blanche aux pieds… C’est cela, c’est bien cela ! »

Le docteur regarda où regardait la mère sur la place : dans le doux mystère de cette heure des morts à Rome, véritable Annonciation de la nuit, passait le convoi blanc d’un enfant.

La mère s’était retournée pour se jeter sur son fils, le sentir vivant, l’étreindre, le posséder encore. Mais devant les traits de l’enfant, déjà troublés et bouleversés, ses contractions nerveuses, elle s’arrêta net, lissa vivement de ses doigts les bandeaux de ses cheveux, et posément, comme si elle était une autre personne et une autre parole qui parlaient :

« À nous deux, maintenant, docteur ! J’ai ma tête à présent… n’ayez pas peur… toute ma tête… »

Elle disait vrai : le sang-froid lui était revenu et lui resta.

Elle le garda au milieu des soins, des remèdes, des sinapismes qu’elle faisait et