Page:Goncourt - Madame Gervaisais, 1869.djvu/214

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l’apathie épanouie et vide de la femme d’Orient qu’est déjà, sous sa vivacité extérieure, la femme d’Italie. L’Italienne étonnait encore la sérieuse femme de pensée par une unique occupation de tête vertueuse, exactement honnête, elle ne voyait dans la vie et dans le monde que l’amour, ne s’intéressait qu’aux choses d’amour, ne parlait que d’amour, n’écoutait que lorsqu’on parlait d’amour, et ne voulait, auprès d’elle, qu’histoires, nouvelles, contes et médisances d’amour, théorie et esthétique d’amour. Mais plus que ces contradictions, une certaine manière d’être de la princesse avait empêché l’intimité des deux femmes : l’Italienne, rapprochée de la nature, déterminée par le premier mouvement du sang, indocile aux conventions de la société, sincère, franchement elle-même, l’Italienne n’est cela qu’avec le mari, l’amant, les enfants, les cousins, les parents, la grande famille romaine, encore aujourd’hui si nouée, si étroitement ramassée et serrée dans la confiance mutuelle des proches. Elle ne se montre pas,