Page:Goncourt - Madame Gervaisais, 1869.djvu/238

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bois répétait doucement l’écho du rire heureux et déjà sage de ces petits curés en miniature, de ces bandes d’enfants noirs, rouges, violets, bleus : l’enfance séminariste de Rome.

Par moments, une éclaircie montrait, vers la campagne, dans de la clarté, des horizons jeunes, grêles, légers, ainsi que les fonds de Raphaël, des bouquets de verdure, d’une maigreur ombrienne, à mettre derrière ses Nativités.

La calèche allait et revenait vingt fois par les mêmes allées. Pierre-Charles la suivait à pied, courant sur les côtés de la voiture et s’amusant à cueillir des cyclamens. Les gens près desquels il passait dans sa course, effleurés de sa beauté, le regardaient longtemps encore après qu’il était passé. Souvent de petits enfants s’arrêtaient brusquement, frappés par la séduction naturelle, instantanée, le coup de foudre de leur beau à eux dans un autre ; et séduits, fascinés, ils marchaient quelques pas, comme attirés par de la lumière ; puis restaient devant lui, plantés à distance,