Page:Goncourt - Madame Gervaisais, 1869.djvu/244

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qu’elle était habituée à aimer et à écouter, sous cette ombre et ces alarmes du confessionnal, cet esprit simple, ouvert et franc, se dénaturait. Des idées tortueuses, ombrageuses, des appréhensions ténébreuses se glissaient au fond de la femme. Elle se torturait à creuser le noir tourment des suppositions, des conjectures, des hypothèses, des jugements mauvais. Longuement empoisonnée d’une crainte de tout et de tous, elle se mettait en garde presque haineusement contre les personnes qui lui étaient le plus dévouées, contre Honorine elle-même. Elle voulait se délier du monde brusquement et sans retour, mettre jusqu’à l’impolitesse entre elle et lui, pour mieux s’en séparer ; et elle rompait avec ses dernières connaissances brutalement, presque grossièrement, elle dont les rapports avaient toujours été de si gracieuse dignité, cette Mme Gervaisais qui, à Paris, avait montré un type de la femme distinguée, gardant dans la bourgeoisie les dernières bonnes manières féminines de la Restauration.