Page:Goncourt - Madame Gervaisais, 1869.djvu/34

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mant, s’exaltant : ― Moi, sans vous !… Vous qui avez été pour moi… Moi ! sans le petit !

Elle saisit l’enfant et le pressa contre elle presque furieusement. Elle répéta encore : ― Moi !… moi !

― Vous êtes folle, Honorine ! fit madame Gervaisais en tendant une main sur laquelle Honorine se jeta avec une explosion de larmes. ― Allez mettre votre chapeau… Tenez ! nous partons…

― Pauvre fille ! ― se dit tout bas sa maîtresse en la regardant aller.

Au moment où elle commençait à être grosse de Pierre-Charles, il était arrivé à madame Gervaisais de perdre une vieille femme de chambre qui l’avait élevée. N’ayant pas immédiatement trouvé à la remplacer selon sa convenance, elle avait pris chez elle, en attendant, une ouvrière habituée de la maison et qui y venait en journée deux ou trois fois par semaine. Au bout de quelque temps, trouvant chez cette fille, dont la figure était déjà pour elle une habitude, des soins, des attentions, une