Page:Goncourt - Madame Gervaisais, 1869.djvu/35

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distinction de tenue et un agrément de service qui lui plaisaient, elle en faisait sa nouvelle femme de chambre. Ses couches arrivées, elle éprouvait le dévouement d’Honorine qui veillait à son lit dix nuits de suite et la sauvait. Le jour où le médecin déclara tout danger passé, elle la vit entrer le soir chez elle avec un air de malheur : Honorine lui dit qu’elle ne voulait point la tromper, que c’était elle qui avait été, dans l’affaire du vol chez Madame Wynant, la femme du banquier hollandais, qu’on avait bien reconnu qu’elle était innocente, et qu’on l’avait acquittée. Mais elle avait été en prison avec les voleuses, sur le banc des accusés, entre les gendarmes. Et racontant cela, elle semblait presque en avoir gardé la honte sur elle. Depuis, elle avait cherché à se replacer, mais quand elle avait avoué son « histoire », on ne l’avait pas gardée ; et elle s’était vue forcée d’aller travailler en journée.

À cette confession, le mauvais premier mouvement de madame Gervaisais avait été de la payer de ses soins avec de l’argent,