Page:Goncourt - Madame Gervaisais, 1869.djvu/45

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devantures des antiquaires, à l’étal du bric-à-brac antique, aux vitrines poussiéreuses encombrées de lampes étrusques, de majoliques, de fragments de lacrymatoires irisés, de sébilles de vieilles monnaies : elle fouillait ces fonds de magasins obscurs, capharnaums où étaient enterrés des bustes, des cabinets florentins, des coffrets en porphyre, des marbres et des ors qui luisaient. Souvent, elle entrait en levant le filet bleu ou brun qui fait aux boutiques, d’un treillis de soie, une porte aérienne : elle retournait un objet, le marchandait, l’emportait.

Elle était toujours rentrée avant onze heures, l’heure de son déjeuner. Elle déjeunait lentement, prolongeant ce tête-à-tête avec son enfant à table, comme un repas d’amoureux. Le déjeuner fini, elle avait l’habitude de jouer du piano jusqu’à l’arrivée d’Honorine qui venait prendre Pierre-Charles pour le faire dormir tout habillé sur son lit. Seule alors, elle s’installait à sa place aimée. Passant là les heures du soleil, elle usait leur lourdeur dans une