Page:Goncourt - Madame Gervaisais, 1869.djvu/51

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d’un bonheur quelconque, que la terre offre là pour rien. Elle se rappelait un verre d’eau qu’elle avait bu, un des premiers soirs, à une porte d’un petit café, et qu’elle avait savouré comme la meilleure boisson qu’elle eût jamais bue. Il lui semblait que ces pays chauds avaient ainsi toutes sortes de petites félicités de sol et de climat, ignorées des pays froids, une magique acqua felice coulant un peu partout pour tous. Et de jour en jour, elle sentait des riens de sa vie prendre pour elle l’intensité d’agrément, de plaisir, que les riens ont dans l’amour. Tous ses sens, dans ce Midi, s’affinaient, devenaient délicats et poëtes.


IX

Avec cette disposition, cette ouverture aux jouissances naturelles que les natures fines et choisies éprouvent au bout de quelques semaines de séjour à Rome, la