Page:Goncourt - Madame Gervaisais, 1869.djvu/52

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visite à la villa Pamphili fut un enchantement pour madame Gervaisais.

Sa calèche passait sous l’arc d’entrée garni de ces jardinières faites de sarcophages où un buisson épineux s’élance du trou vide d’une cendre antique. Et elle se trouvait sous une voûte de verdure, haute, serrée et sombre, piquée çà et là de petites raies du soleil qui avaient l’air d’éclairer de la pluie toute fraîche tombée sur le lisse noir des feuilles. Le bois, s’ouvrant à tout moment, laissait apercevoir, à droite et à gauche, des haies d’aloès, des ravins veloutés de gazon, des touffes lumineuses et poussiéreuses d’argentéa, des pelouses étincelantes, des brillants d’herbe, des coins d’ombre tremblante où dormait une inscription sur un bout de pierre sortant de terre, une rampe de verdure, de débris antiques, d’arbrisseaux de fleurs, montant à ce fond magique du parc, à sa couronne de pins d’Italie, à cette perspective fermée par des étages d’arbres aux têtes pareilles à d’immenses bouquets portés l’un sur l’autre, épanouis et arrondis sur l’azur. Et parfois,