Page:Goncourt - Madame Gervaisais, 1869.djvu/53

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à un tournant de la route sur la campagne, la grandeur inattendue du dôme de Saint-Pierre, s’encadrant dans une échappée, comblait le ciel.

La grande allée la menait ainsi au petit palais de la villa, à ces murs plaqués de bustes, de statues, tout incrustés de bas-reliefs en ronde bosse ; bijou de l’Algarde qui ressemblait, éclatant de blancheur entre le jour vif et le feuillage dense, au modèle en plâtre d’un cabinet d’orfévrerie du seizième siècle florentin. Et de là, devant elle, s’étendait et se déroulait, dans sa pompe, sa splendeur, son triomphe, sa végétation de fête, son architecture d’opéra, sa magnificence de félicité, de volupté et d’amour, le jardin italien, le divin jardin d’Italie. Au bas de la terrasse chargée de grands pots de terre cuite aux armes d’un pape, au delà de petits parterres aux arabesques à dessins de cailloutis, cerclés de la chenille courante d’une bordure de buis, elle embrassa le décor d’escaliers et de rampes, de statues et de portiques, qui mêlent à la nature les beautés d’un