Page:Goncourt - Madame Gervaisais, 1869.djvu/62

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temps des lectures faciles aux livres qui sollicitent l’effort et donnent la méditation, à ces livres posant à la raison les plus hautes questions qui se dressent devant l’énigme du monde, aux livres d’histoire, aux livres de science, aux livres de philosophie.

C’était surtout dans ces derniers qu’elle avait trouvé comme une révélation d’elle-même. Elle y avait reconnu son désir non défini de s’élever, selon la parole de Platon, de la scène instable de la vie, de la nature continuellement changeante, à ce qui ne change pas aux vérité immuables, absolues, demeurantes, aux Idées. Une curiosité supérieure et dominante s’emparait d’elle et la poussait à chercher le mécanisme secret des facultés, à essayer d’entr’ouvrir le sanctuaire voilé et caché des pensées et des sensations, à étudier, sur sa propre intelligence l’esprit humain tout entier. Différente de la plupart des hommes et des femmes dont l’attention s’échappe au dehors et gravite autour des objets extérieurs, elle apportait à cette analyse, un