Page:Goncourt - Madame Gervaisais, 1869.djvu/68

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pour la personne du Christ. À la suite elle lui traçait un plan de lectures, d’études philosophiques, éclaircies par des résumés, des analyses, les points de repère d’une pensée libre jalonnant, pour la pensée qui la suit, le chemin d’une religion du Beau, du Vrai, du Bien.

Dès lors, de la sœur au frère, du maître au disciple, ce fut un continuel échange, un entretien presque non interrompu de leurs deux esprits affranchis, causant familièrement de l’Infini, de la Réalité supérieure, unique source de toute existence et de toute causalité : originales causeries, se croisant d’abord entre une salle d’étude de l’École polytechnique et une petite chambre aux rideaux frais de la rue du Helder ; plus tard entre le dernier bivouac français du Sahara arabe, El Hadjira, l’oasis à vingt lieues de Tougourt, et le boudoir de la parisienne mariée ; se rencontrant maintenant, sur le chemin de la mer, de Rome à Oran où venait d’être envoyé le frère de madame Gervaisais, nommé, à la suite de la campagne de Crimée, lieutenant-colonel d’artillerie.