Page:Goncourt - Madame Gervaisais, 1869.djvu/67

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n’avait point interrompu cette direction. Les jours de sortie ne suffisaient pas aux causeries, aux épanchements, à la communion des idées entre la sœur et le frère. Deux ou trois lettres par semaine, écrites pendant une récréation ou une veillée, venaient consulter la sœur, qui s’était mise de son côté à faire, année par année, les classes du collégien, apprenant tout ce qu’il apprenait et se faisant le répétiteur patient de ses leçons, de ses devoirs, de ses compositions.

Arrivait l’heure inquiète et critique où, chez le jeune homme, la foi de l’enfant, dont la première communion s’efface, entrait en lutte avec ses premiers doutes : le frère exposait son âme à cette sœur qui était pour lui plus qu’une sœur, comme une mère, un ami et un confesseur. À ces confidences venues à elle, sans qu’elle les eût sollicitées, la jeune fille répondait franchement par la communication de notes, de recherches, un long travail dont elle sortait, et qui rejetait absolument le surnaturel, tout en gardant un respect de femme