Page:Goncourt - Madame Gervaisais, 1869.djvu/83

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dotes, le sautillant bavard, le fin romain laissant tomber au bout de tout ce qu’il ordonnait, de tout ce qu’il racontait, de tout ce dont il gémissait, ce refrain éternel de la philosophie et de la patience de son pays : « Que voulez-vous ? nous sommes sous les prêtres, » une phrase qu’il fallait lui entendre dire en italien : « Che volete ? siamo sotto i preti ! »

Il arriva, ne s’assit pas, et tout en parlant à la malade d’une superbe coltellata qu’il venait de soigner à l’hôpital de la Consolation, du Vatican, du peintre Camuccini, du tribut que les étrangers payent au climat, du temps indiavolato qu’il faisait depuis quelques jours, et encore de mille autres choses, il lui tira de la veine, sans presque qu’elle s’en aperçût, un peu de sang.

Cependant, ce malaise avec lequel badinait le docteur Monterone, ― c’était son nom, ― fut plus grave qu’il ne l’avait cru. Il fallut saigner madame Gervaisais encore deux ou trois fois. Pendant quelques jours, elle donna à Honorine de sérieuses inquié-