Page:Goncourt - Madame Gervaisais, 1869.djvu/88

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dans le mouvement des chevaux, des équipages, des toilettes ; et l’alanguissement d’un reste de faiblesse, les flottantes songeries d’une tête un peu ébranlée, d’une imagination relevant de maladie, la faisaient s’abandonner au charme singulièrement poétique, doucement mélancolique, du crépuscule italien, cette paresseuse venue de la nuit plus longue à venir de l’obscurité que dans les ciels du Nord. Au-dessus de sa tête, le bleu se décolorait, devenait comme le nocturne azur blême d’un glacier. Autour d’elle, une apparence d’évanouissement, le pâlissement d’une mort humaine s’étendait sur les couleurs des choses, sur l’orangé de la pierre, le rouge de la brique. Une lumière d’une inexprimable teinte expirante, d’une clarté d’aube de lune, semblait être la lumière angélique de l’Ave Maria. Un reflet éteint de ce ciel passait sur les gens, les visages qui n’étaient plus les visages de la journée, enveloppait les petites processions d’orphelins, pareils à des fantômes de petits curés tout blancs, dont le bas de soutane traî-