Page:Goncourt - Préfaces et Manifestes littéraires, 1888.djvu/131

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paquet de ficelles dont le portrait de mon père, les gants de ma fille, le domino de madame, le mari qui manque le train, sont les bouts les moins roussis et les moins usés ! Sifflé un premier acte dont le réalisme n’a même pas le charme de la nouveauté : les ENFERS DE PARIS et la MARIÉE DU MARDI-GRAS sont moins retroussés et plus joyeux ! Sifflé un second acte dont la fantaisie court à travers un monde d’aphorismes prétentieux, de situations bizarres, de visions hystériques, commençant au babillage d’une servante et finissant au baiser ridicule d’une femme de quarante ans. Sifflé au troisième acte… Oh ! le troisième acte !… N’est-ce pas du Girardin, première édition, non corrigée ? Les DEUX FRÈRES faisant pendant aux Deux Sœurs ?… Du Girardin, moins… Girardin ! c’est-à-dire l’impossible, moins cette chose étonnante en faveur de laquelle on pardonne tout : l’originalité !

Nous disons, nous autres, ce que nous avons sifflé ; que les partisans de la pièce nous disent ce qu’ils ont applaudi, en dehors du magnifique jeu des acteurs, un seul acte, une seule scène, une situation, un mot, et nous nous déclarons satisfaits.

Il y a eu cabale, prétend-on ! Oui, la cabale des indépendants contre les engagés… volontaires ou non !…