Page:Goncourt - Préfaces et Manifestes littéraires, 1888.djvu/151

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trop légitimiste ou trop révolutionnaire ; par le fait cruel des derniers événements, j’ai à craindre qu’ils ne découvrent, en notre troisième acte — écrit en 1867, dans la prévision certaine de la guerre future, — des allusions, des manœuvres tendant à une agitation dangereuse pour nos relations avec la Prusse.

Dans cette crainte, aujourd’hui que, des deux collaborateurs, je suis resté seul avec une énergie un peu défaillante, je ne me sens pas le courage d’entreprendre les démarches, de subir les taquineries, les ennuis, les petites tortures morales, qu’un fabricateur de livres rencontre d’ordinaire près d’une direction théâtrale, quand au bout d’une réussite si chèrement achetée peut se dresser le désespérant veto[1].

Après tout, s’il me prenait fant

  1. M. Carvalho, alors directeur du Vaudeville, avait eu l’idée de monter LA PATRIE EN DANGER, dans le temps où il jouait l’Arlésienne d’Alphonse Daudet.